29 juillet 2014

La saga du fer et des aliments solides

De tous les minéraux et les vitamines dont un bébé a besoin, c'est sans doute le fer qui fascine le plus notre imaginaire collectif. Du clampage du cordon à l'introduction des solides, on tente par tous les moyens de s'assurer qu'il est disponible en quantité suffisante. Il faut avouer qu'il est essentiel à la fabrication de l'hémoglobine qui sert à transporter l'oxygène vers les organes et les muscles. C'est sans doute pourquoi le corps du bébé possède un système de régulation très complexe pour faciliter son absorption.

Chez un nouveau-né allaité exclusivement, la capacité à bien assimiler le fer est primordiale. Le lait maternel contient en effet très peu de fer. Cependant, la nature faisant bien les choses, les bébés l'absorbent très bien. Leur intestin peut en effet aller chercher 16 à 25 % de ce fer.

En 1979, des chercheurs finlandais font une découverte importante. Ils mesurent l'assimilation du fer chez des nourrissons, de la naissance à l'âge de 4 mois. Ils notent alors que sa biodisponibilité, c'est-à-dire sa capacité à être absorbée, diminue autour de 4 mois. Ils émettent donc l'hypothèse que les aliments d'origine végétale bloquent l'absorption du fer.

C'est probablement cette étude qui est à l'origine d'une croyance très persistante dans le monde de la périnatalité : le fait d'offrir de la nourriture solides trop tôt nuirait à l'assimilation du fer dans le lait maternel et mettrait l'enfant à risque de développer une carence. On utilise d'ailleurs souvent cet argument dans les débats portant sur l'âge d'introduction des solides. Mais, cette hypothèse est-elle fondée?

Pas selon des chercheurs du Texas. En 1997, ceux-ci remarquent que les bébés plus âgés absorbent moins bien le fer que les bébés plus jeunes. Toutefois, leurs résultats démontrent que l'absorption du fer du lait maternel demeure élevée même si l'enfant reçoit des aliments solides. En fait, les réserves de fer du bébé n'en affecteraient pas l'assimilation. Ces chercheurs supposent que ce sont plutôt des composantes du lait lui-même qui importent pour l'absorption du fer. Plusieurs consultantes en lactation évoquent notamment le lactose et la vitamine C. Voilà qui devrait donc régler la question du fer et des solides.

Eh bien, non! En 2002, des scientifiques comparent l'assimilation du fer chez des bébés de 6 mois et de 9 mois. Ils remarquent alors que chez les enfants qui ne reçoivent pas de supplément de fer, l'absorption passe de 16,4 % à 36,7 % pendant ces trois mois de vie. Ce résultat contredit complètement les conclusions des Texans qui disaient, rappelez-vous, que l'efficacité de l'absorption diminue en vieillissant. Ils sont cependant d'accord sur un point : les réserves de fer d'un bébé n'en affectent pas l'absorption, contrairement à chez l'adulte.

Le point le plus intéressant de cette étude est toutefois le suivant : à l'âge de 9 mois, plus le bébé reçoit de fer dans son alimentation, moins il absorbe celui du lait maternel. « Ah, ah! direz-vous. Cela démontre bien que les solides nuisent à l'absorption du fer! » Pas exactement. En effet, les scientifiques observent que le nombre de calories consommées n'affecte pas du tout l'absorption.

Cette observation est essentielle, car elle explique vraisemblablement les résultats contradictoires obtenus dans les autres études. Ce ne sont pas les solides eux-mêmes qui influencent l'absorption du fer, mais plutôt leur contenu en fer. 

Les chercheurs mentionnent d'ailleurs que les besoins en fer sont très importants chez les nourrissons en raison de leur croissance rapide. Ces besoins s'accentuent entre 6 et 9 mois, car les réserves constituées à la naissance s'épuisent. La régulation de l'absorption du fer se modifie donc pour permettre une plus grande assimilation à partir du lait maternel si l'alimentation est déficiente. Cependant, si le bébé reçoit beaucoup de fer par les solides, cette augmentation de l'absorption n'est pas nécessaire.

Alors voilà, vous croyez maintenant que la meilleure chose à faire pour qu'un bébé reçoive tout le fer dont il a besoin, c'est de retarder au maximum l'introduction des solides qui en contiennent une grande quantité. En fait, pas du tout. Comme je l'ai mentionné, l'absorption augmente à partir de 6 mois. Cependant, même si le bébé réussissait à absorber 100 % du fer se trouvant dans le lait maternel, celui-ci ne serait pas suffisant pour combler ses besoins. C'est pourquoi il est si important d'introduire rapidement des aliments riches en fer après l'âge de 6 mois

Références :

Abrams SA, Wen J, Stuff JE. (1997) Absorption of calcium, zinc, and iron from breast milk by five- to seven-month-old infants. Pediatr Res. 1997 Mar; 41(3) : 384-90.

Domellöf M1, Lönnerdal B, Abrams SA, Hernell O. (2002) Iron absorption in breast-fed infants : effects of age, iron status, iron supplements, and complementary foods. Am J Clin Nutr. 2002 Jul; 76(1) : 198-204.

23 juillet 2014

Les bébés et le bon vieux temps!

Le dernier siècle aura été synonyme de changement pour tout ce qui entoure la grossesse, l’accouchement et la maternité. Quelle mère n'est pas parfois nostalgique du bon vieux temps? Mais comment cela se passait-il exactement dans le bon vieux temps? Comme les historiens s’intéressent souvent plus à la politique qu’à la puériculture, la réponse à cette question n’est pas toujours évidente. Heureusement, Denise Lemieux, dans son livre Les petits innocents, aborde le thème de l’enfance en Nouvelle-France et lève le voile sur la vie de famille à l’époque.

Bien sûr, même aux premiers temps de la colonie, tout commence par la grossesse et celle-ci ne se passe pas tellement différemment d'aujourd'hui. Ainsi, l'idée de traiter cette période de la vie d'une femme comme une maladie est moins nouvelle qu’on ne le pense. En fait, puisqu’à l’époque la grossesse se termine parfois moins bien, une certaine inquiétude entoure la naissance. 

Les gens croient donc qu’une femme enceinte doit être très prudente pour protéger l'enfant à venir. Pour eux, le corps de la mère et celui du bébé ne forment qu'un. Par conséquent, si la femme enceinte voit des choses particulièrement belles ou, au contraire, horribles, cela s’imprègnera dans le corps et le caractère de l’enfant. Par exemple, on cite le cas étrange d’une femme qui aimait assister aux exécutions publiques lorsqu’elle était enceinte et dont l’enfant était particulièrement cruel.

Par contre, quand vient le temps de l’accouchement, cela se passe très différemment. Tout d’abord, la naissance a lieu à la maison puisque l'accès aux hôpitaux est tout simplement interdit aux femmes enceintes et aux enfants de moins de sept ans. Bien que certains chirurgiens puissent pratiquer des accouchements, une sage-femme est toujours présente. En effet, la pudeur empêche un homme d’être seul pour examiner une femme. En théorie, le père n’assiste pas à l’accouchement. Par contre, dans la pratique, certains d'entre eux sont là pour épauler leur épouse. L’accouchement demeurera tout de même le monopole des femmes jusqu’à la fin du 18e siècle.

À une époque où la première préparation commerciale pour nourrisson n'a pas encore été mise au point, l’allaitement est bien sûr prédominant en Nouvelle-France. Cependant, certaines aristocrates ou bourgeoises n’allaitent pas et confient leur enfant dès la naissance à des nourrices. Ce comportement est toutefois très critiqué par les religieux et donc peu répandu dans la population en général. On dit en effet qu’une mauvaise nourrice peut être dangereuse pour le bébé car ce dernier « suce le vice et la vertu avec le lait. » Les religieux comparent d’ailleurs le comportement des aristocrates à celui des femmes amérindiennes qui refusent qu’une autre allaite leur bébé.
Aujourd’hui, la plupart des mères veulent que leurs mamelles servent d’attrait… et se voulant donner du bon temps envoient leurs enfants aux champs, là où ils sont donnés à des nourrices vicieuses, desquelles ils sucent avec le lait la corruption et la mauvaise nature. […] Les femmes sauvages ont plus d’amour que cela envers leurs petits : car [nulle] autre qu’elles ne les nourrissent.
Par conséquent, déjà à cette époque, on fait la promotion de l'allaitement. Les religieux disent même qu’en allaitant son enfant, une mère est semblable à la Vierge Marie nourrissant l’Enfant Jésus. Cette image est très importante à l’époque et est peut-être une réaction à la pratique qu’on retrouve dans les milieux aristocrates ou bourgeois qui consiste à séparer l’enfant de ses parents pour l’envoyer en apprentissage.

Pour ce qui est des aliments complémentaires, ils sont introduits très tôt par les colons français. On prépare une bouillie composée de farine et de lait animal que la mère offre sur le bout de son doigt. Les Amérindiennes, elles, allaitent exclusivement ce qui étonne beaucoup les nouveaux colons.

L'emmaillotage est également une pratique répandue. Les femmes de l’époque emmaillotent le bébé complètement dans plusieurs épaisseurs de linge. Les bras demeureront immobilisés jusqu’à 5 mois parfois alors que les jambes ne seront libérées qu’aux alentours de 8 mois. Cette curieuse méthode avait pour but, semble-t-il, de protéger l’enfant du froid et des dangers de chute.

Enfin, pour ce qui est du sommeil, les mères semblent vivre une situation semblable à la nôtre : un déchirement entre l’avis des « experts » et leurs propres instincts. En effet, les religieux leur déconseillent vivement de dormir avec leur bébé de crainte que ce dernier ne soit étouffé pendant la nuit. Par contre, les Canadiennes-françaises auraient plutôt tendance à minimiser ce risque. Elles craignent davantage que le bébé meure de froid seul dans son berceau. Quelques centaines d'années plus tard, le débat se poursuit!

Sous certains aspects, les mères de la Nouvelle-France vivaient probablement des questionnements semblables aux nôtres. La nostalgie d'un autre temps n'est certainement pas le propre des femmes du 21e siècle. Qui sait, peut-être que ces mères rêvaient aussi d'une époque plus simple comme celle d'avant les grandes explorations...

Références :
Lemieux, Denise. (1985) Les Petits innocents : l'enfance en Nouvelle-France. Institut québécois de recherche sur la culture, Québec, 205p.

21 juillet 2014

Questionnement, suivi prénatal et Internet : qu'en pensent les femmes francophones?

Le suivi prénatal des femmes françaises et québécoises leur permet-il de trouver des réponses à leurs questions sur la grossesse? Que pensent ces futures mères des renseignements disponibles sur Internet? Voici les résultats de mon petit sondage maison, inspiré par une étude américaine réalisée en Pennsylvanie.

Selon les répondantes au sondage, leurs deux principales sources d'information pendant la grossesse sont la personne assurant leur suivi et les sites web traditionnels.

Le suivi prénatal
Dans l'ensemble, les mères sondées estiment que le professionnel qui effectue leur suivi de grossesse répond bien à leur besoin d'information.

Cependant, lorsqu'on compare les réponses des femmes françaises à celles des femmes québécoises, on remarque que la satisfaction est plus grande de ce côté de l'Atlantique.


En comparant le type de suivi de grossesse, on remarque que certains professionnels sont plus efficaces que d'autres pour répondre aux questions de leurs patientes. En effet, les sages-femmes offriraient davantage d'information que les médecins en général et ce sont les gynécologues-obstétriciens qui suscitent le plus de commentaires négatifs.




L'information sur Internet
La grande majorité des mères interrogées utilisent Internet et les médias sociaux plusieurs fois par semaine pour trouver des réponses à leurs questions sur la grossesse.



Bien qu'une plus grande proportion de ces femmes soient ambivalentes sur la qualité de l'information se trouvant sur Internet et les médias sociaux, elles sont quand même satisfaites du degré de fiabilité des renseignements qui s'y trouvent.



Les femmes enceintes ne semblent donc pas partager l'opinion de certains professionnels de la santé qui s’inquiètent de la qualité de l’information qui se retrouve sur Internet. Pourtant, plusieurs études réalisées sur les sites médicaux traditionnels ont conclu que dans bien des cas l’information véhiculée peut être trompeuse ou en contradiction avec certaines recommandations du monde médical.

En somme, pour les mères interrogées, le suivi prénatal et Internet sont des ressources complémentaires leur permettant de trouver de l'information dont elles ont besoin. D'ailleurs, lorsqu'on leur demande sous quelle forme elles souhaitent en savoir plus, elles disent préférer les conversations avec un professionnel ou les sites web.



En plus d'être affiché sur le blogue Maman Éprouvette, le lien du sondage a été abondamment partagé dans les médias sociaux. Le questionnaire était accessible du 10 au 17 juillet 2014. En tout, 69 femmes y ont répondu, majoritairement en provenance du Québec et de la France. 

Références :
Ernst, E. Schmidt, K. (2002) Health risks over the Internet: advice offered by “medical herbalists” to a pregnant woman. Wiener Medizinische Wochenschrift, 7-8 : 190-192.

Eysenbach, G., Powell, J., Kuss, O., Sa, E.R. (2002) Empirical studies assessing the quality of health information for consumers on the world wide web: a systematic review. JAMA, 20 : 2691-700.

Hardwick, J., Mackenzie, F. (2002) Information contained in miscarriage-related websites and the predictive value of website scoring systems. European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology. 106 : 60-63.

15 juillet 2014

La marche à quatre pattes est-elle essentielle?

Aujourd'hui, je réponds à la question de Clémentine Bauché-Costes : « Est-ce qu'il y a un lien entre le développement moteur des tout-petits (et notamment le déplacement à 4 pattes) et les troubles du langage comme la dyslexie? »

Certains se traînent les fesses, d'autres roulent sur eux-mêmes et la majorité marche à quatre pattes. Avant de pouvoir marcher, la quasi-totalité des petits trouve une façon de se déplacer pour explorer le vaste monde. On sait cependant que 7 % des bébés vont choisir de marcher immédiatement sur deux jambes plutôt que d'essayer des modes de transport alternatif. Ce comportement non conventionnel suscite beaucoup de controverses : la marche à quatre pattes est-elle essentielle au bon développement des enfants?

Les experts croient maintenant que le développement moteur et le développement cognitif sont intimement liés. En effet, l'apparition de nouvelles habiletés motrices offre au tout-petit des opportunités de découvrir le monde et donc de pratiquer la communication. Les scientifiques ont d'ailleurs remarqué que les étapes du développement du langage sont synchronisées sur celui du mouvement.

La Dre Dominique Cousineau, médecin spécialisée dans le développement des enfants à l'Hôpital Sainte-Justine, discute de cet aspect en général et de la marche à quatre pattes en particulier, dans un article publié dans la revue Coup de pouce. Selon elle, la marche à quatre pattes crée de nouvelles connexions nerveuses dans le cerveau pour remplacer celles plus primitives qui étaient, jusque là, responsables des réflexes. Le bébé apprend également à balayer l'horizon du regard, ce qui contribuerait à améliorer sa vision latérale à grand angle. Marcher à quatre pattes favoriserait aussi une meilleure coordination et permettrait au côté gauche et au côté droit de travailler ensemble.

Selon Dre Cousineau, certains chercheurs prétendent que le mouvement au sol est essentiel pour le développement moteur bien sûr, mais également pour celui du langage, de la dextérité manuelle, du toucher, de l'audition et de la vision. Ceux-ci feraient même une association entre cette stratégie pour se déplacer et l'apprentissage de la lecture. Cette hypothèse serait toutefois controversée, souligne Dre Cousineau.

Sally Goddard Blythe de l'Institute of Neuro-Psychological Psychology fait partie de ces scientifiques convaincus de l'importance d'encourager les enfants à marcher à quatre pattes, selon The Telegraph. Le journal cite également Christine MacIntyre, une autre experte, qui fait référence à des recherches ayant observé un lien entre les difficultés à écrire et le fait de n'avoir jamais marché à quatre pattes. Certains blogueurs font aussi mention des résultats de Pavlidis, publiés en 1987, dans le livre Dyslexia Research and Its Applications to Education.

Toutefois, lorsqu'on commence à chercher dans la littérature scientifique, on remarque vite qu'il n'existe pas d'articles dans les journaux scientifiques révisés par les pairs qui appuient cette théorie. En fait, deux projets de recherches ont comparé les différents modes de déplacement précurseurs à la marche. L'un, paru en 1989, arrive à la conclusion que le type de locomotion utilisé par l'enfant n'a pas d'impacts négatif sur le développement psychomoteur et langagier. L'autre, qui date de 1992, observe même que les enfants souffrant de retards mentaux qui ont marché directement sans ramper sont plus avancés à tous les niveaux que les autres enfants dans la même situation. Ils concluent donc que marcher à quatre pattes n'est pas un prérequis pour le développement des fonctions cognitives.

De plus, les observations de certains anthropologues remettent également en doute l'idée qu'il est essentiel de marcher à quatre pattes. Selon la revue Scientific American, le chercheur David Tracer a étudié une société de chasseurs-cueilleurs, les Au de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il a remarqué que les enfants de cette communauté ne rampent jamais, car ils sont portés environ 86 % du temps. Lorsque leur mère les dépose, c'est toujours en position assise. Résultat : avant de marcher, les petits se traînent les fesses pour se mouvoir. Les Au croient d'ailleurs que c'est LA manière dont les bébés se déplacent à travers le monde.

Selon l'anthropologue, des communautés au Paraguay, au Mali et en Indonésie se comportent de la même façon. Il rappelle aussi que les chimpanzés et les gorilles déposent très rarement leur bébé par terre. En fait, dans l'environnement des sociétés traditionnelles ou des animaux, le fait de ramper augmente de façon significative le risque de gastro-entérite. C'est ce qui fait dire à David Tracer que les bébés qui rampent sont vraisemblablement la dernière mode dans l'histoire de l'humanité.

En bref, le développement moteur et la capacité à se déplacer influencent fort probablement l'intelligence et le langage. Cependant, la façon dont un bébé décide de se rendre du point A au point B n'est de toute évidence pas critique. Le débat autour de la marche à quatre pattes a l'avantage de nous rappeler que nous avons tendance à juger du développement des enfants en nous basant exclusivement sur des enfants occidentaux ayant grandi dans les 50 dernières années et que cet échantillon n'est probablement pas représentatif de l'ensemble des enfants humains.

Chaque semaine, je réponds à une question des lecteurs sur la périnatalité. Il y a quelque chose que vous auriez toujours aimé savoir concernant la grossesse, l'accouchement, l'allaitement ou le développement de l'enfant? Écrivez-moi à info@mamaneprouvette.com et je tenterai de trouver la réponse. (N'étant pas médecin, il ne m'est pas possible de répondre à des questions médicales sur l'état de santé d'une mère ou d'un bébé. Si vous éprouvez des inquiétudes à ce sujet, contactez plutôt un professionnel de la santé.)

Références :
Bottos M1, Dalla Barba B, Stefani D, Pettenà G, Tonin C, D'Este A. (1989) Locomotor strategies preceding independent walking: prospective study of neurological and language development in 424 cases. Dev Med Child Neurol. 1989 Feb; 31(1) : 25-34.

Cousineau, Dominique. (2008) La marche à quatre pattes appelée à disparaître? Coup de pouce. Consulté le 14 juillet 2014

Henry, Julie. (2007) Modern babies need to crawl more, say experts. The Telegraph. Consulté le 14 juillet 2004.

Iverson JM. (2010) Developing language in a developing body: the relationship between motor development and language development. J Child Lang. 2010 Mar; 37(2) : 229-61. doi : 10.1017/S0305000909990432. Epub 2010 Jan 25.

Liao HF1, Lee SC, Lien IN, Chen CJ, Soong WT, Tseng CC. (1992) Locomotor strategies before independent walking: prospective study of 50 mentally retarded children. J Formos Med Assoc. 1992 Mar; 91(3) : 334-41.

Robson P. (1984) Prewalking locomotor movements and their use in predicting standing and walking. Child Care Health Dev. 1984 Sep-Oct; 10(5) : 317-30.

Wong, Kate. (2009) Crawling May Be Unnecessary for Normal Child Development. Scientific American. Consulté le 14  juillet 2014

10 juillet 2014

À la recherche d'information : les femmes enceintes sur Internet

Chères lectrices qui cherchez des réponses à vos questions sur Internet, il semble que vous ne soyez pas seules. Une petite étude réalisée en Pennsylvanie révèle que les futures mamans utilisent de plus en plus l'Internet pour trouver de l'information sur la grossesse, car leur suivi prénatal ne répond pas à leurs préoccupations.

Les chercheurs américains ont invité 17 mères à discuter de leurs besoins d'information pendant la grossesse et de leur utilisation d'Internet et des médias sociaux. Malheureusement, l'évaluation qu'elles font de leur suivi prénatal n'est pas très positive.

D'une part, ces femmes croient que le premier rendez-vous de suivi a lieu trop tard pour répondre à toutes les questions qui les assaillent en début de grossesse. Aux États-Unis, les femmes rencontrent leur médecin pour la première fois à 8 semaines alors qu'au Québec, c'est un peu avant la 12e semaine.

D'autre part, les nombreuses brochures que les femmes reçoivent à ce moment ne semblent pas répondre à leurs besoins. L'information y serait insuffisante et souvent dépassée. Elle est aussi présentée sous un format qui ne rejoint pas les jeunes mères. Plutôt que des brochures, celles-ci aimeraient mieux des vidéos, des applications pour leur téléphone cellulaire ou des sites web. 

En somme, les futures mères sentent que le suivi prénatal n'est pas assez centré sur la patiente. Selon les chercheurs, il y aurait un décalage important entre ce que ces femmes veulent et ce que le milieu médical leur offre. Un fossé générationnel, quoi!

C'est pour cette raison que la majorité d'entre elles se tournent vers Internet pour s'informer. Elles ne sont toutefois pas complètement satisfaites de ce qu'elles y trouvent en raison du manque de crédibilité de plusieurs sources. L'information y est aussi plus inquiétante qu'utile selon elles. Depuis les débuts de l'Internet, des experts s'inquiètent d'ailleurs de la qualité de l'information médicale numérique.

Selon les chercheurs, les médecins doivent donc modifier le suivi prénatal pour mieux répondre aux besoins des mères, mais aussi éduquer leurs patientes pour les aider à devenir de meilleures consommatrices d'information sur Internet.

Pour ma part, je crois également que le milieu de la santé doit améliorer sa présence sur Internet et dans les médias sociaux. J'en fais d'ailleurs mention dans mon texte « Promotion de l’allaitement dans les médias sociaux : place aux mères » publié dans le livre Promotion de l'allaitement maternel au Québec : Regards critiques. Je veux toutefois souligner la qualité de l'information se trouvant sur le Portail d'information prénatal de l'Institut national de santé publique.

Enfin, je dois de mentionner qu'il s'agit d'une très petite étude et qu'il est donc impossible de déterminer si ces résultats représentent le vécu de la majorité des femmes enceintes. C'est pourquoi je vous propose de répondre à un petit sondage sans aucune prétention scientifique sur le sujet. Vous pouvez y avoir accès en cliquant sur ce lien : https://fr.surveymonkey.com/s/7BMKPS5
Je vous reviens bientôt avec les résultats!

Références :
Indivero, V. (2014, 7 juillet) Expectant moms turn to « Dr. Google » for pregnancy advice (communiqué). Eurekalert consulté le 9 juillet 2014.

Kraschnewski JL, Chuang CH, Poole ES, Peyton T, Blubaugh I, Pauli J, Feher A, Reddy M. (2014) Paging "dr. Google": does technology fill the gap created by the prenatal care visit structure? Qualitative focus group study with pregnant women. J Med Internet Res. 2014 Jun 3; 16(6) : e147. doi : 10.2196/jmir.3385.

7 juillet 2014

Le portage face au monde au banc des accusés

Aujourd'hui, je réponds à la question de Danielle : « Quels sont les risques associés au portage “face au monde” avec les porte-bébés du genre Baby Bjorn? »

Promenez-vous cinq minutes aux Promenades Saint-Bruno, au Carrefour Laval ou dans n'importe quel centre commercial et vous verrez qu'ils sont maintenant parmi nous : les bébés portés face au monde qui s'initient aux joies du magasinage! Dans l'univers du portage, certaines personnes s'inquiètent toutefois de l'impact de cette position particulière sur le développement de la colonne vertébrale et des hanches des bébés.

Source : Babybjorn.com
Mettons toutefois les choses au clair immédiatement : aucune étude scientifique en bonne et due forme n'existe sur le portage face au monde et sur son impact sur le bébé. Cela signifie donc qu'il faut s'en remettre à l'avis des experts pour évaluer les effets potentiels du portage face au monde.

En 2012, la Fédération allemande des pédiatres a d'ailleurs émis une mise en garde au sujet de cette position utilisée pour porter les nourrissons. Ces professionnels s'inquiètent en particulier des conséquences négatives sur le développement des hanches. Lors du portage face au monde, les jambes de l'enfant se retrouvent tendues ce qui créerait une tension sur ses hanches.

L'International Hip Dysplasia Institute explique bien pourquoi l'extension de la hanche est problématique pour un jeune enfant. Pendant la grossesse, le fœtus a les hanches et les genoux fléchis. Après la naissance, cette position naturelle permettra aux hanches de poursuivre leur développement. Cela est particulièrement important chez le nouveau-né. Ses articulations sont encore faibles puisqu'elles sont composées de tissus mous, le cartilage. Par conséquent, si celles-ci sont étirées trop tôt, elles risquent de se déformer.

Par ailleurs, le National Childbirth Trust (un organisme de charité britannique) s'inquiète également du portage face au monde, car cette position oblige l'enfant à avoir le dos droit alors que la colonne vertébrale d'un bébé a une forme naturellement ronde.

Une position optimale pour un développement optimal
Pour favoriser un bon développement des hanches, la meilleure position est celle où celles-ci s'écartent naturellement vers les côtés et où les cuisses sont soutenues jusqu'aux genoux qui sont, eux, pliés. Malheureusement, les porte-bébés utilisés en position face vers le monde ne permettent généralement pas de respecter ces critères.

Cela dit, même lorsque le bébé est porté avec le ventre contre le porteur, une mauvaise position peut avoir des conséquences négatives. On sait par exemple que les cultures qui portent leur bébé dans une position où les jambes sont en extension et collées l'une contre l'autre, comme les Indiens Navajos, ont une fréquence plus élevée de déformation de la hanche. Au contraire, les sociétés où les bébés sont portés en position grenouille ont un taux plus bas de dysplasies de la hanche.

C'est pourquoi l'International Hip Dysplasia Institute recommande aux parents de choisir un porte-bébé favorisant un positionnement sain de la hanche. De son côté, Santé Canada ajoute qu'il faut s'assurer que le dos de l'enfant soit bien soutenu et le National Childbirth Trust rappelle que la colonne doit être en position arrondie.

Enfin, la Fédération allemande des pédiatres suggère aux parents de petits curieux d'utiliser le portage sur la hanche plutôt que face au monde s'ils veulent permettre à leur bébé de regarder partout tout en protégeant leurs hanches fragiles.

En vidéo, cinq questions sur le portage:



Références :
International Hip Dysplasia Institute. (n.d.) Infant and Child Dyslplasia : Baby Carriers, Seats, & Other Equipment. Consulté le 6 juillet 2014

Messager, Sophie. (2013) « Babywearing : A guide ». National Childbirth Trust. Consulté le 6 juillet 2014.

Price, C. T., Schwend, R.M. (2011) Improper swaddling a risk factor for developmental dysplasia of hip. AAP News Vol. 32 No. 9, pp. 11.

Burgun, Isabelle. (2012, 20 avril) Porte-bébé : la position « face au monde » déconseillée. Naître et grandir. Consulté le 6 juillet 2014.

Hôpital de Montréal pour enfants. (2013) Utilisez votre porte-bébé souple de manière sécuritaire. Consulté le 6 juillet 2014.