31 janvier 2014

Les bébés et le tiroir de la mémoire... sociale!

« Bof... il ne s'en rappellera plus le soir de ses noces! » Il s'agit probablement d'une phrase qu'on pourrait utiliser pour parler de la plupart des petits désagréments dans la vie d'un tout-petit. Des chercheurs italiens ont toutefois voulu en savoir plus sur la mémoire des nourrissons. Ils ont ainsi remarqué qu'un bébé pouvait se souvenir d'un évènement social négatif dès l'âge de 4 mois, peut-être pas jusqu'au jour de son mariage... mais au moins pour une quinzaine de jours.

Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont utilisé l'expérience du visage impassible, une méthode très courante en psychologie de l'enfant. Elle consiste à laisser la mère jouer avec son bébé pendant environ 2 minutes. Puis, soudainement, on lui demande de cesser complètement de réagir avec lui pour 2 minutes. Elle continue de le regarder, mais elle ne montre qu'un visage impassible.

Ce genre de situation perturbe beaucoup un jeune enfant. Elle se traduit donc par un changement dans la production de certaines hormones de stress comme le cortisol. La réaction varie toutefois énormément d'un tout-petit à l'autre. Certains verront leur taux de cortisol augmenter alors que d'autres expérimenteront plutôt une diminution.

Pour évaluer la mémoire des bébés, les chercheurs ont demandé à 74 mères et leur bébé de 4 mois de se prêter à l'expérience du visage impassible. La mère devait également porter une blouse jaune pendant toute la procédure. Par la suite, on a répété exactement la même expérience 15 jours plus tard.

Les scientifiques ont remarqué que la réaction des bébés était très différente lors de la deuxième séance. Ainsi, les nourrissons qui avaient réagi par une augmentation de cortisol la première fois avaient des taux plus bas la deuxième fois. Cela laisserait supposer que ceux-ci étaient alors plus familiers avec ce qui se passait. Au contraire, les bébés dont les taux de cortisol s'étaient abaissés lors de la première expérience avaient maintenant des taux de cortisol beaucoup plus élevés. Les chercheurs croient que ces derniers anticipaient cette fois l'expérience qu'ils allaient vivre.

Dans un cas comme dans l'autre, les résultats semblent démontrer que lorsque les nourrissons voient leur mère dans une blouse jaune, ils se souviennent de l'épisode du visage impassible.

Ces conclusions sont intéressantes puisqu'on connaissait encore peu de choses sur la mémoire sociale chez les tout-petits. Une meilleure compréhension de l'effet du contexte social et du stress sur la mémoire pourrait aider les chercheurs à mieux comprendre l'impact de la maltraitance et de la négligence sur le développement de l'enfant.

Référence :
Montirosso R, Tronick E, Morandi F, Ciceri F, Borgatti R (2013) Four-Month-Old Infants’ Long-Term Memory for a Stressful Social Event. PLoS ONE 8(12): e82277.

28 janvier 2014

Question de la semaine : Allaiter pour concevoir des jumeaux?

Aujourd'hui, je réponds à la question de Fanny Themans : « J'ai entendu que l'allaitement augmente les possibilités de tomber enceinte de jumeaux. Auriez-vous des informations sur le sujet, des explications scientifiques? »

La fréquence des jumeaux varie à travers le monde et l'Histoire. Au Niger, une personne sur 12 est un jumeau alors qu'en Asie, on parle d’une sur 70. Les scientifiques ont aussi observé que le taux de jumeaux a diminué entre 1900 et 1980 pour finalement revenir en hausse à partir de ce moment. Ces variations suscitent bien sûr des questions. Quels facteurs pourraient favoriser la naissance de jumeaux?

Distinguons d'abord les vrais des faux jumeaux. Lors de la conception de vrais jumeaux, un seul spermatozoïde féconde un seul ovule. L'embryon ainsi formé se divise ensuite en deux pour générer deux bébés qui partagent entièrement les mêmes gènes. Au contraire, pour les faux jumeaux, deux ovules distincts sont fécondés par deux spermatozoïdes différents.

Les scientifiques ne comprennent pas encore très bien les mécanismes favorisant la naissance de vrais jumeaux. À ce jour, on n'a donc pas identifié avec certitude de facteurs maternels ou environnementaux qui pourraient augmenter leur fréquence. La situation est toutefois plus claire pour les faux jumeaux.

Pour concevoir de faux jumeaux, deux ovules doivent se développer pendant un même cycle menstruel. En temps normal, un ovule voit le jour grâce à la maturation d'un follicule à la surface de l'ovaire. C'est une hormone appelée FSH, sécrétée au début du cycle menstruel, qui en déclenche le développement. Lorsque le follicule donne naissance à un ovule, il fabrique en même temps une hormone bloquant la production de FSH. Dans ces conditions, un seul follicule réussira à produire un ovule. Cependant, si la quantité de FSH est trop grande ou si elle demeure élevée trop longtemps, deux ovules pourraient voir le jour. On a d'ailleurs observé que les mères de faux jumeaux ont des niveaux supérieurs de FSH.

Trois facteurs particuliers favoriseraient réellement la naissance de faux jumeaux : l'hérédité, l'âge de la mère et le nombre d'enfants de la mère avant la conception.

L'hérédité : La sœur d'un jumeau aurait 95 % plus de chance de concevoir des jumeaux. Les scientifiques croient que plusieurs gènes pourraient être responsables de cette prédisposition familiale. En particulier, des mutations dans les gènes nécessaires à la production de l'hormone FSH, servant à bloquer sa production ou pouvant réagir à sa présence seraient les principales suspectes.

L'âge maternel : Entre l'âge de 15 et de 35 ans, la chance de concevoir des jumeaux est multipliée par quatre. Les scientifiques proposent que ce serait le nombre de follicules qui expliquerait cette situation. Lorsqu'une femme est jeune, plusieurs follicules seraient prêts à répondre au signal de la FSH et donc à en bloquer rapidement la sécrétion. Cependant, à mesure que la femme vieillit, les follicules sont de moins en moins nombreux et réagissent plus lentement. La FSH est alors sécrétée plus longtemps, ce qui laisserait le temps à deux ovules de se développer. C'est d'ailleurs pourquoi la fréquence des jumeaux serait en hausse depuis 1980. Bien que les traitements de fertilité pourraient avoir un rôle à jouer, ce serait surtout parce que les mères ont maintenant des enfants à un âge plus avancé.

Le nombre d'enfants : Plus une femme a d'enfants au moment de la conception, plus ses chances d'avoir des jumeaux sont grandes. On croit d'ailleurs que la baisse du taux de jumeaux entre 1900 et 1980 s'expliquerait par la disparition des familles nombreuses.

Les autres facteurs :
Certains facteurs ont été associés avec la naissance de jumeaux, mais ils sont parfois controversés. Entre autres, on retrouve la taille de la mère, son indice de masse corporelle, la saison de la conception, le tabagisme, l'utilisation de contraceptifs hormonaux et les suppléments d'acide folique.

Le cas particulier des bébés conçus pendant l'allaitement
Est-ce que le fait de concevoir un enfant pendant qu'on allaite pourrait augmenter les chances d'avoir des jumeaux? Selon le Dr Steinman, ce serait bien le cas. En 2001, celui-ci a étudié des mères fréquentant la Ligue La Leche qui étaient devenues enceintes en allaitant. Il a ainsi calculé que le pourcentage de naissance de vrais jumeaux était de 3,6 % chez ces mères alors que dans une population sélectionnée au hasard, on parle plutôt de 0,4 %. Pour les faux jumeaux, la fréquence était de 7,8 %, comparativement à 0,7 % en général.

Selon le Dr Steinman, les mères qui allaitent ont des niveaux plus bas de calcium. Comme le calcium est nécessaire pour lier les cellules entre elles, une baisse affaiblirait la force des liens entre les cellules de l'embryon. Il y aurait donc plus de risque que celui-ci se scinde en deux pour donner naissance à de vrais jumeaux. De plus, l'allaitement perturbe la sécrétion des hormones sexuelles. Cela pourrait occasionner une surproduction de FSH et favoriser la conception de faux jumeaux.

Cette étude est toutefois la seule à faire un lien entre l'allaitement et la conception de jumeaux. Contacté à ce sujet, le Dr Jacques Kadoch, chef du service de médecine et biologie de la reproduction du Centre hospitalier de l'Université de Montréal, s'est dit surpris par ces données dont il n'avait jamais eu connaissance auparavant.

Cette hypothèse devra donc être analysée plus en profondeur avant qu'on puisse conclure que l'allaitement augmente les chances de concevoir des jumeaux.

Au Québec, en 2010, les naissances de jumeaux représentaient 3 % de l'ensemble des naissances.

Références :
Hoekstra C, Zhao ZZ, Lambalk CB, Willemsen G, Martin NG, Boomsma DI, Montgomery GW. (2008) Dizygotic twinning. Hum Reprod Update. 2008 Jan-Feb;14(1):37-47. Epub 2007 Nov 16.

Institut de la Statistique du Québec (2010, 5 juin). Les naissances de jumeaux en forte croissance au Québec de 1980 à 2010. Communiqué de presse consulté le 27 janvier 2014.

Steinman G. (2001) Mechanisms of twinning. IV. Sex preference and lactation. J Reprod Med. 46(11):1003-7.

24 janvier 2014

Qu'il est mignon ce bébé!

Les bébés ont un je-ne-sais-quoi qui nous donne envie de les croquer... En fait, les scientifiques croient savoir exactement ce qui les rend si adorables : une grosse tête, un front saillant, de grands yeux, des joues rebondies, un petit nez et une petite bouche. Ce sont les caractéristiques typiques du bébé. Cependant, est-ce qu'un nourrisson est moins charmant parce qu'il a mauvais caractère?

C'est l'étrange question que se sont posée des chercheurs des Pays-Bas. Leur étude a en effet révélé que les bébés joyeux sont perçus comme plus mignons que ceux qui sont maussades.

Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont demandé à des individus d'évaluer si un bébé était mignon ou pas. Ceux-ci voyaient d'abord une photo où le bébé avait une expression neutre puis on juxtaposait à cette image d'autres images du même enfant, mais cette fois avec un air joyeux ou un air triste. Les participants pouvaient aussi entendre des sons produits par le nourrisson. Cette mise en scène avait pour but de leur faire connaître le supposé tempérament du bébé à noter.

Jusqu'à maintenant, les chercheurs savaient que les caractéristiques physiques du bébé contribuaient à le rendre adorable aux yeux des adultes. Par exemple, ceux-ci préfèrent regarder des photos représentant un bébé plutôt qu'un adulte. Les mères de bébés mignons seraient même plus attentionnées et plus enjouées. Les caractéristiques du bébé influenceraient donc les soins qu'il reçoit.

Cette nouvelle étude des Pays-Bas semble toutefois démontrer que la perception qu'un bébé est charmant ne reposerait pas uniquement sur son physique, mais aussi sur son tempérament. Étrangement, d'autres études ont plutôt observé l'effet inverse et conclu que les bébés mignons sont décrits comme plus aimables, plus amicaux, en meilleure santé et plus compétents.

La question demeure donc entière. Qu'est-ce qui peut bien rendre un bébé si mignon?

Références :
Parsons, C. E., Young, K. S., Bhandari, R., van Ijzendoorn, M. H., Bakermans-Kranenburg, M. J., Stein, A. and Kringelbach, M. L. (2013), The bonnie baby: experimentally manipulated temperament affects perceived cuteness and motivation to view infant faces. Developmental Science. doi: 10.1111/desc.12112

Glocker ML, Langleben DD, Ruparel K, Loughead JW, Gur RC, Sachser N. (2009) Baby Schema in Infant Faces Induces Cuteness Perception and Motivation for Caretaking in Adults. Ethology. 115(3):257-263.


21 janvier 2014

Question de la semaine : Lait de sorcière et mini-menstruation

Aujourd'hui, j'aborde un sujet proposé par Eva Sorli : l'impact des hormones maternelles sur le bébé pendant la grossesse et l'allaitement.

Au Moyen Âge, on croyait que les sorcières pouvaient nourrir leurs enfants démons aux mamelons mêmes des nouveau-nés. Le lait produit par un nourrisson porte depuis le nom de « lait de sorcière ». Pour éloigner les petits diables, certaines grand-mères ou sages-femmes exprimaient elles-mêmes ce lait maudit.

On sait maintenant que la production de petites quantités de lait par un nouveau-né de même que les mini-menstruations que certaines fillettes expérimentent au moment de la naissance n'ont rien de surnaturel. Il s'agit en fait d'un processus tout à fait normal qui n'est rien d'autre qu'une réaction du bébé aux hormones maternelles.

En effet, pendant la grossesse, le foetus est exposé aux hormones qui sont présentes dans le sang de la mère et qui réussissent à traverser le placenta. Ce sont les estrogènes en particulier qui seraient en cause. Ces hormones atteignent des niveaux très élevés pendant la grossesse, c'est-à-dire environ 100 fois supérieurs à ceux d'une femme non enceinte.

Cette quantité importante d'estrogène serait responsable de la production du lait de sorcière puisqu'elle favoriserait le développement de bourgeons mammaires chez le nouveau-né, garçon ou fille, et donc la sécrétion temporaire de lait. Celui-ci fait habituellement son apparition autour du 3e jour et disparaît autour de deux semaines plus tard. La situation peut toutefois durer un peu plus longtemps pour les bébés allaités. Environ 5,9 % des nourrissons produiraient ce type de lait.

Par ailleurs, du point de vue vaginal, l'exposition à l'estrogène cause parfois le gonflement des lèvres de même que de petites pertes vaginales blanches. La chute rapide des hormones maternelles peut aussi provoquer de légers saignements vaginaux qu'on appelle mini-menstruation. Si 25,4% des bébés filles expérimenteraient des saignements microscopiques, on estime que seulement 3,3 % auront des saignements visibles. Ceux-ci disparaissent habituellement dans les deux premiers mois de vie.


Et pendant l'allaitement?

Sachant l'impact des hormones maternelles sur le bébé lors de l'accouchement, certaines personnes se demandent si on pourrait observer un phénomène semblable chez le bébé allaité lorsque le cycle menstruel de la mère reprend.

Premièrement, les niveaux d'estrogènes pendant un cycle menstruel sans fécondation ne se comparent pas du tout à ceux expérimentés pendant la grossesse. À peine 24 heures après l'accouchement, les quantités d'estrogènes chez la mère ne représentent plus que 2 % de la situation avant l'arrivée du bébé. Par la suite, lorsque le cycle menstruel reprend, la femme atteint ses plus hauts niveaux d'estrogène lors de l'ovulation et des menstruations, c'est-à-dire autour de 0,4 ng/mL. À titre comparatif, quelques jours avant l'accouchement, une femme produit 300 000 ng d'estrogène par jour.

Deuxièmement, il faut évaluer le transfert des hormones sexuelles dans le lait de la mère. Malheureusement, la plupart des données existantes concernent plutôt le transfert d'hormones lors de la prise d'un contraceptif hormonal. Selon certains experts, les hormones contraceptives sont excrétées en très petites quantités (< 1% de la dose maternelle) dans le lait. Dans le cas des contraceptifs oraux combinés, ces niveaux sont similaires aux niveaux d'estrogène et de progestérone dans le lait maternel de mères avec des cycles ovulatoires. Un suivi effectué pendant 8 ans sur des nourrissons dont les mères utilisaient un contraceptif oral combiné en allaitant n'a montré aucun effet négatif sur la croissance ou le développement.

Bien sûr, ces molécules ne se comportent pas nécessairement de la même manière que l'estrogène naturel de la mère. Cependant, si dans les deux cas les niveaux dans le lait sont similaires et qu'aucun impact sur les bébés allaités n'a été observé lors de la prise de contraceptifs oraux, on peut supposer que les estrogènes naturels de la mère ne sont pas en quantité suffisante pour provoquer des effets similaires a ceux observés à la naissance.

En comprenant bien ce qui se passe d'un point de vue hormonal lors de l'accouchement et de l'allaitement, on peut maintenant expliquer des phénomènes étranges comme le lait de sorcière ou les mini-menstruations. Une victoire de la connaissance sur les superstitions...


Références :
A.D.A.M Medical Encyclopeida. (2013) Hormonal effects in newborns : Newborn breast swelling; physiologic leukorrhea. Consulté le 18 janvier 2014 sur le site U.S. National Library of Medicine.

Blackburn, S. T. (2012) Maternal, Fetal, & Neonatal Physiology: A Clinical Perspective. Maryland: Elsevier.

Faculty of Family Planning & Reproductive Health Care. FFPRHC Guidance (July 2004): Contraceptive choices for breastfeeding women. J Fam Plann Reprod Health Care. 2004 Jul;30(3):181-9; quiz 189.

Grider, A.R., Adams Hillard, P. J. (1997) Vaginal Bleeding in Pediatric Patients. Journal of Pediatric and Adolescent Gynecology, vol 10 (3) : 173.

Huber A. (1976) [The frequency of physiologic vaginal bleeding of newborn infants]. Zentralbl Gynakol. 1976;98(16):1017-20.

Leung AK, Pacaud D. (2004) Diagnosis and management of galactorrhea. Am Fam Physician. 70(3):543-50.

Potts, Malcolm (1999). Ever Since Adam and Eve: The Evolution of Human Sexuality. p. 145.
http://books.google.ca/books/about/Ever_Since_Adam_and_Eve.html?id=RoDv0JiIqF4C&redir_esc=y

17 janvier 2014

L'entraînement au sommeil : pas une solution pour les bébés qui pleurent excessivement

La situation est classique. "Professionnel no 1? Mon bébé de 2 mois pleure sans cesse et ne dort jamais. Je suis complètement désespérée." "Alors là, Madame, c'est parce que vous répondez à tous ses caprices. Utilisez le 5-10-15 pour lui apprendre à dormir et ça ira mieux!" Madame sort du bureau et croise Professionnel no.2. "Bonjour Professionnel no 2! Professionnel no 1 me dit que je dois faire le 5-10-15 pour que mon bébé cesse de pleurer." Et professionnel no 2 de répondre : "Mais non! Vous ne devez absolument pas faire ça!" Madame rentre alors à la maison, toujours aussi désespérée, mais cette fois très perplexe!

Les recommandations sur la façon de gérer les bébés qui pleurent excessivement varient beaucoup d'un intervenant à l'autre. Bien souvent, ces conseils plus ou moins bien venus ne sont basés sur aucune donnée scientifique. Pour faire la lumière sur ce que la recherche nous dit à ce sujet, deux chercheurs australiens se sont donné pour mission de réviser tout ce qui avait été écrit sur la gestion du sommeil chez un bébé de moins de 6 mois qui pleure excessivement.

L'exercice n'a toutefois pas été facile. L'interprétation des études sur le sujet est en effet périlleuse. D'une part, les scientifiques du domaine ont la fâcheuse habitude de ne pas départager les difficultés d'alimentation des problèmes de sommeil. Pourtant, un bébé qui ne prend pas bien le sein risque de pleurer plus souvent et de mal dormir. La solution pertinente ne sera toutefois pas la même que pour un nourrisson qui peine simplement à s'endormir. Ensuite, beaucoup d'experts cherchent à appliquer des résultats obtenus sur des bébés de plus de 6 mois à des bébés de quelques semaines. Bien entendu, les différences au niveau du développement à cet âge sont énormes et rendent ces extrapolations douteuses. Enfin, les professionnels ont aussi la tendance étrange à voir des liens de cause à effet là où il n'y a qu'une association.

Malgré ces difficultés, les auteurs de cette analyse ont commencé par étudier si les interventions comportementales pouvaient avoir des impacts positifs pour les bébés maussades. Dans ce type d'approche, ils ont inclus la réponse retardée aux signaux de l'enfant (comprenant le fameux 5-10-15), les horaires stricts pour les tétées et le sommeil, les moyennes déterminant la durée attendue du sommeil et l'heure optimale pour le coucher ainsi que toutes les stratégies où on cherche à entraîner le nourrisson à s'endormir sans nourriture ou sans contact avec un parent.

Chez les enfants, les résultats sont mitigés selon les auteurs. Une étude réalisée sur 246 dyades mère bébé n'a démontré aucun effet sur le nombre de réveils nocturnes ou sur la durée du sommeil. Par contre, deux recherches sont arrivées à la conclusion que les interventions permettaient d'augmenter la durée totale du sommeil en solitaire de 29 minutes sur 24 heures. Dans deux autres cas, les bébés dormaient davantage, mais ils pleuraient toujours autant. Les interventions visant le sommeil semblent donc manquer leur cible, selon les chercheurs, puisque les bébés sont toujours aussi irritables et l'amélioration du sommeil est somme toute minime.

Qu'en est-il des mères? Tirent-elles des bénéfices de ces approches? En général, les études analysées par les auteurs ne semblent pas noter d'impact sur la dépression post-partum. C'est pourtant le but recherché par les professionnels lorsqu'ils suggèrent ces approches. Certains de ces programmes d'intervention offerts par un professionnel de la santé se vantent bien de réduire les symptômes d'anxiété et de dépression, mais ces effets pourraient être simplement dus au réconfort que les femmes ressentent si un intervenant prend le temps de les écouter, croient les chercheurs.

Enfin, les auteurs de cette analyse s'interrogent sur les impacts imprévus des interventions comportementales. Par exemple, selon eux, ces techniques diminueraient la confiance des parents quant à leur compétence pour décoder les signaux de leur enfant et nuiraient à l'allaitement. Certaines études suggéreraient même que les horaires très stricts imposés aux bébés augmenteraient les pleurs et les difficultés de comportement à 6 mois. Enfin, ces méthodes mettent souvent l'accent sur le calcul du nombre d'heures de sommeil ou sur le nombre de réveils, exacerbant ainsi l'anxiété des parents.

En résumé selon cette analyse australienne, les interventions comportementales pour améliorer le sommeil des bébés de moins de 6 mois ne sont pas appropriées pour venir en aide aux parents aux prises avec un nourrisson qui pleure de façon excessive. À preuve, si beaucoup de familles amorcent ce genre de programme, elles sont aussi très nombreuses à les abandonner.

Les chercheurs proposent donc que les professionnels devraient commencer par régler les problèmes d'alimentation ou toute autre situation psychosociale qui pourraient expliquer le comportement du bébé. Ensuite, ils gagneraient à aider les parents à prendre confiance en leur capacité, à les renseigner sur les signaux normaux d'un nourrisson et sur les rythmes attendus d'un nouveau-né. Ultimement, l'effet recherché est de répondre à l'anxiété parentale pour que notre mère du début de l'histoire rentre à la maison avec son bébé confiante et rassurée.

Un parent sur cinq dit que son bébé pleure de façon excessive. Cette situation est particulièrement courante dans les trois à quatre premiers mois de vie.

Référence :
Douglas PS, Hill PS. (2013) Behavioral sleep interventions in the first six months of life do not improve outcomes for mothers or infants: a systematic review. J Dev Behav Pediatr. 34(7):497-507.

14 janvier 2014

Question de la semaine : Que contiennent les produits pour bébé?

Aujourd'hui, je réponds à la question de Sarah Mainguy : « Qu'est-ce que ne devrait pas contenir un savon ou une crème pour bébé pour être meilleur pour la santé? »

Parabène, phtalate, dioxane, formaldéhyde, phénoxyéthanol... Qu'ont-ils en commun? Non, ils ne donnent pas seulement beaucoup de points au Scrabble. Il s'agit en fait d'ingrédients pouvant se retrouver dans des produits d'hygiène pour bébé comme le shampoing, la lotion ou les lingettes pour les fesses.

Selon certains groupes environnementaux comme le Environmental Working Group, les tout-petits seraient exposés à 27 produits chimiques par jour dont certains sont associés au cancer, à des dommages pour le cerveau ou le système nerveux, aux allergies et aux perturbateurs endocriniens. D'après cet organisme, les parents devraient être prudents puisque la mention « pour enfants » ne garantit pas que le produit ait été testé ou soit sécuritaire. De plus, les enfants seraient plus vulnérables aux effets secondaires : leur peau est plus mince, ils respirent un plus grand volume d'air qu'un adulte et la barrière entre leur sang et leur cerveau n'est pas encore complètement formée.

Certains manufacturiers ont d'ailleurs cédé à la pression. Scientific American rapporte qu'en 2013, Johnson & Johnson a éliminé le formaldéhyde, les parabènes, le triclosan, les phtalates et les muscs polycycliques de leurs produits pour bébé. Ils ont aussi tenté de diminuer la quantité de dioxane. Selon la compagnie, la science démontrerait que ces ingrédients ne constituent pas un danger mais, devant l'inquiétude des consommateurs, ils ont choisi de modifier la composition de leurs produits.

Alors, que sait-on des substances chimiques se trouvant dans les cosmétiques pour bébé et doit-on les éviter?

Les phtalates
Selon certaines études, les phtalates perturberaient le développement normal des enfants. Entre autres, ces produits dérangeraient le fonctionnement des hormones et pourraient affecter le système reproducteur, en particulier chez les garçons. Ces substances augmenteraient aussi la fréquence des allergies. Bien que certains experts croient que les phtalates ne constituent pas un danger pour la population en général, la situation pourrait être différente pour les tout-petits qui sont en pleine croissance.

D'après une étude publiée dans la revue Pediatrics, les enfants exposés à des lotions pour bébé, de la poudre ou des shampoings ont des niveaux plus élevés de phtalate dans leur organisme puisqu'on peut en détecter les produits de dégradation dans leur urine. Les chercheurs concluent donc que les phtalates peuvent être absorbés par la peau des bébés et qu'il est préférable de réduire l'utilisation de ce type de cosmétiques.

D'autres scientifiques ont toutefois mis ces conclusions en doute. Selon eux, la principale voie d'exposition aux phtalates est par la bouche et non pas par la peau. De plus, la qualité de l'étude serait discutable. Les critiques croient qu'il n'est pas justifié de recommander aux parents de ne pas utiliser de produits pour bébés. Enfin, une nouvelle recherche réalisée en 2013 semble indiquer que la présence de phtalate y est très faible.

Les parabènes
Les parabènes sont des agents de conservation utilisés pour limiter la croissance des bactéries. Comme les phtalates, les parabènes pourraient affecter le fonctionnement des hormones et le système reproducteur. Bien qu'une étude ait associé les parabènes au cancer du sein, ce résultat n'aurait toutefois pas pu être confirmé par la suite.

Selon un article publié en 2013, les parabènes seraient assez communs dans les produits pour bébé. Entre autres, six marques de lingettes vendues en France en contiendraient. D'après des médecins de l'université Yale, le niveau de parabènes se trouvant dans les produits cosmétiques serait généralement sécuritaire mais pourrait causer des irritations ou des allergies chez certaines personnes. L'effet sur les tout-petits semble toutefois moins bien connu.

Le phénoxyéthanol
Selon une étude européenne, le phénoxyéthanol se retrouverait dans 14 marques de lingettes pour bébé vendues en France. À forte dose, ce produit est toxique pour le système reproducteur et pour le développement. Il est d'ailleurs interdit par l'Agence nationale de sécurité du médicament en France. En réaction à ces résultats, les chercheurs suggèrent de privilégier l'eau et le savon aux lingettes pour bébés.

Le dioxane et le formaldéhyde
Selon un article du Washington Post, des traces de dioxane et de formaldéhyde ont été détectées dans du shampoing, du gel de bain, des lotions et des lingettes pour bébé. En effet, 80 % des produits testés contentaient du formaldéhyde et 66% du dioxane. Certains experts croient toutefois que l'absorption de ces substances est très faible puisqu'elles sont généralement rincées après usage.

Le formaldéhyde peut causer des cancers si on l'ingère et le dioxane, si on le respire. Les scientifiques ignorent par contre les effets possibles lorsque c'est la peau qui entre en contact avec ces contaminants. Ce qui complique aussi l'évaluation des risques, c'est que les études sur ces deux ingrédients ont été réalisées sur des individus exposés de façon chronique pendant des années ou sur des animaux, des situations très différentes de celles vécues par un bébé.

Enfin, les emballages de cosmétiques indiquent rarement la présence de dioxane ou de formaldéhyde puisqu'ils ne sont pas de véritables ingrédients. Le dioxane est un contaminant généré par le processus manufacturier alors que le formaldéhyde est en fait un produit de la dégradation de certains agents de conservation.

Les fragrances et les parfums
Depuis 2006, Santé Canada oblige les manufacturiers de produits cosmétiques à indiquer la liste d'ingrédients sur leurs étiquettes. Ce règlement ne s'applique toutefois pas aux fragrances et aux parfums. Sous cette appellation, on peut donc regrouper une foule de composés chimiques.

Par exemple, les muscs polycycliques sont utilisés pour masquer les odeurs chimiques dans les produits dits « non parfumés ». On connaît encore peu leurs effets sur la santé et l'environnement. Ils sont facilement absorbés par la peau et s'accumulent dans les tissus graisseux. On croit entre autres qu'ils empêchent le fonctionnement de certaines pompes nécessaires pour se débarrasser des médicaments, ce qui leur permettrait de s'accumuler dans les cellules.

Certains phtalates peuvent aussi être utilisés comme fragrance et ne pas être indiqués dans la liste des ingrédients.

La conclusion?
Si on sait que certaines substances chimiques problématiques se retrouvent effectivement dans les produits cosmétiques pour bébé, on connaît moins leurs effets sur le développement de l'enfant. Les recommandations des experts sont tout aussi nébuleuses. Certains suggèrent d'éviter par précaution les produits contenant les ingrédients mentionnés plus haut. D'autres croient plutôt que les données scientifiques dont nous disposons ne sont pas suffisantes pour alarmer les parents. Par conséquent, la seule chose qui semble évidente, c'est que davantage de recherche sur le sujet sera bienvenu.


Références :
(2013) Alerte sur les lingettes et laits de toilette pour bébés.Le figaro. Consulté le 12 janvier 2014.

 American Chemical Society (2013, 11 décember). Personal care products possible sources of potentially harmful parabens for babies. ScienceDaily. Consulté le 12 janvier 2014.

Bailey, J. (2008) Baby products and phthalates. Pediatrics. 122(3):674-5; author reply 675. doi: 10.1542/peds.2008-1311.

Braun JM, Sathyanarayana S, Hauser R. (2013) Phthalate exposure and children's health. Curr Opin Pediatr. 25(2):247-54. doi: 10.1097/MOP.0b013e32835e1eb6.

Brown, D. (2009) Review Finds Modest Risk From Children's Toiletries. The Washington Post. consulté le 12 janvier 2004.

Environmental Working Group.(2007, 1er novembre) Children Exposed Daily to Personal Care Products With Chemicals Not Found Safe For Kids. Communiqué de presse.Consulté le 12 janvier 2014.

Fondation David Suzuki. (n.d.) La réglementation canadienne des produits cosmétiques a besoin de se refaire une beauté. Consulté le 12 janvier 2014. 

Kay, J. and Environmental Health News. (2013) Johnson & Johnson Removes Some Chemicals from Baby Shampoo, Other Products. Scientific American. Consulté en ligne le 12 janvier 2014. 

Potera, C. (2007) Chemical Exposures: The Sweet Scent on Baby’s Breath? Environ Health Perspect. 2007 October; 115(10): A491.

Sathyanarayana S, Karr CJ, Lozano P, Brown E, Calafat AM, Liu F, Swan SH. (2008) Baby care products: possible sources of infant phthalate exposure. Pediatrics. 121(2):e260-8. doi: 10.1542/peds.2006-3766.

Yale Medical Group. (n. d.) How Safe Are Cosmetics and Personal Care Products? Consulté le 12 janvier 2014.

10 janvier 2014

Le lait maternel passe le test du goût!

Les mères qui ont souffert d'une mastite racontent parfois que leur bébé n'acceptait plus le sein pendant cette période de leur allaitement. Certains experts ont alors proposé que ce comportement s'expliquait probablement par un changement dans le goût du lait. Ce qui n'était jusqu'alors qu'une hypothèse vient toutefois d'être confirmé par des chercheurs japonais.

Grâce à une technologie japonaise appelée capteur de goût, les scientifiques ont pu analyser le goût du lait maternel de 24 femmes en santé et de 14 femmes ayant une mastite. Ils ont remarqué que chez une femme en santé, le salé et l'umami (équivalant à la saveur de bœuf caractéristique d'un steak) du colostrum diminue graduellement à mesure que celui-ci se transforme en lait mature. Cependant, pour les femmes souffrant d'une mastite, ces deux saveurs sont beaucoup plus prononcées qu'elles ne le devraient.

Les scientifiques savaient déjà que la composition du lait change lors d'une mastite. L'inflammation crée en effet un espacement entre les cellules des alvéoles du sein, ce qui permet à différentes substances comme le sodium ou le chlore de traverser plus facilement dans le lait. Dans l'étude japonaise, les chercheurs ont d'ailleurs remarqué que le lait des mères avec une mastite contenait plus de sodium, de glutamate et de guanosine monophosphate.

C'est exactement ce type de molécules que le capteur de goût mesure. En effet, les différents goûts que le bébé perçoit pendant une tétée sont dus à des récepteurs sur sa langue qui réagissent à des molécules bien spécifiques. Par exemple, les récepteurs du sucré reconnaissent les molécules de sucre ou la saccharine, ceux du salé les ions métalliques et ceux de l'umami le glutamate. Le capteur de goût reproduit donc ce phénomène en tentant de détecter les molécules de chacune de ces saveurs.

Par conséquent mesdames, si votre tout-petit grimace lors d'une mastite, il est fort possible qu'il ne soit pas du type salé ou qu'il n'apprécie pas le goût du steak...

Références :
Yoshida M, Shinohara H, Sugiyama T, Kumagai M, Muto H, Kodama H. (2013) Taste of Milk from Inflamed Breasts of Breastfeeding Mothers with Mastitis Evaluated Using a Taste Sensor. Breastfeed Med. 2013 Dec 18. [Epub ahead of print]

Insent (2011) What is Taste Sensor. Consulté le 9 janvier 2014 à l'adresse http://www.insent.co.jp/en/products/taste_sensor_index.html

Riordan, J., & Wambach, K. (2010). Breastfeeding and Human Lactation (4th ed.). Sudbury: Jones and Bartlett.

Marieb, Elaine N. (2008) Biologie humaine, 2éd., Montréal: Éditions du Renouveau Pédagogique.

7 janvier 2014

Allaiter à deux

Pour Katie et sa conjointe qui portait leur enfant, l'allaitement partagé était un rêve fou. Toutes les deux souhaitaient allaiter le petit trésor qui allait bientôt arriver dans leur vie. Katie avait déjà allaité auparavant et les deux futures mamans avaient lu sur les mères adoptives qui démarrent la lactation sans avoir connu de grossesse. Il n'en fallait pas plus pour qu'elles décident de tenter l'aventure.

Les statistiques sur les mères de familles homoparentales qui se partagent l'allaitement sont malheureusement très peu nombreuses. Pour déterminer la fréquence de cette pratique, j'ai réalisé moi-même (sans aucune prétention scientifique) un questionnaire à l'intention des mères d'une famille homoparentale dont l'enfant a été allaité. L'annonce du sondage a été publiée sur les médias sociaux et 61 répondantes l'ont complété.

D'après les données ainsi obtenues, l'allaitement partagé est très peu pratiqué. En effet, 90 % des mères qui ont porté l'enfant affirment avoir été les seules à allaiter leur bébé. Il est donc plutôt rare que la mère n'ayant pas été enceinte tente d'allaiter. Cette réalité vient peut-être des difficultés associées à produire du lait en l'absence de grossesse.

Comment ça se passe pour démarrer l'allaitement?
Lorsqu'une mère choisit d'allaiter son enfant sans l'avoir porté, elle doit déclencher sa production de lait d'une façon particulière. Comme je l'ai déjà mentionné dans un autre billet, des procédures pour stimuler la lactation sans grossesse préalable existent. C'est d'ailleurs une de ces techniques que Katie a privilégiée.

« Nous avons parlé de notre projet à notre médecin », raconte-t-elle. « Elle m'a expliqué que la
dompéridone est utilisée ici pour soutenir la motilité gastrique et qu'elle a comme effet secondaire indésirable de produire une lactation. C'est un produit galactogogue. J'ai donc commencé graduellement la dompéridone avec des doses qui sont rapidement devenues importantes (1 mois avant la date prévue de l'accouchement). J'ai pris jusqu'à 60 mg de dompéridone par jour. Je devais également stimuler mes seins avec un tire-lait manuel au moins 5 minutes par seins, 2 fois par jour. Quelques jours avant l'arrivée de notre fils, j'arrivais déjà à exprimer une once de lait par sein! »

D'après les données du sondage, au moins la moitié des répondantes qui ont allaité leur bébé sans l'avoir porté ont aussi eu recours à une procédure semblable. Cela a permis à la moitié d'entre elles de produire suffisamment de lait et à 3 sur 4 d'allaiter plus de trois mois. Je tiens toutefois à spécifier que ces statistiques sont à prendre avec précaution puisque l'échantillon est somme toute très petit. En effet, sur 61 répondantes, seulement 4 femmes disent avoir allaité sans avoir porté leur enfant.

Les défis de l'allaitement partagé
Bien sûr, allaiter à deux requiert une certaine organisation pour maintenir deux productions. Par exemple, une des répondantes au sondage mentionne qu'il n'est pas toujours facile d'avoir suffisamment de stimulation pour que les deux productions demeurent abondantes. Les mères doivent donc trouver un rythme qui fonctionne pour elles.

La production de la mère qui n'a pas porté l'enfant demande probablement plus de travail. Lorsque celle de l'autre mère est très importante, la comparaison peut aussi s'accepter difficilement.

Enfin, certaines répondantes affirment avoir reçu peu de soutien de leur famille ou des ressources traditionnelles en allaitement. En effet, certaines personnes ne comprennent pas pourquoi ces mères choisissent de prendre des hormones ou des médicaments pour allaiter alors que leur conjointe allaite déjà. Les mères qui allaitent sans avoir vécu la grossesse se sentent également isolées. L'allaitement partagé étant peu fréquent, elles ne connaissent souvent pas d'autres mères dans leur situation.

« Une magnifique expérience »
Malgré ces défis, toutes les mères qui ont vécu l'allaitement partagé disent qu'elles tenteraient à nouveau l'expérience puisque cela représente de beaux moments commmuns d'intimité ayant suscitant des sentiments de calme et de joie. Pour Katie, il s'agit de souvenirs fantastiques. « Ma conjointe ayant subi une césarienne, j'ai pu voir se coucher le soleil sur le fleuve en allaitant notre fils. », raconte-t-elle. « Et depuis, c'est notre moment à nous deux. À l'anniversaire de cette journée, nous allons voir le soleil se coucher sur le fleuve. »

Un gros merci à Katie pour avoir accepté de partager son expérience!

Les ressources suggérées par les répondantes au sondage:

Pour en savoir plus : Le blogue Maman au carré écrit par une maman qui a vécu l'allaitement partagé avec un nouveau billet spécialement sur le sujet.

Sources :