19 juin 2013

Les bébés prennent position contre l'intimidation!

Dans un monde où on entend constamment parler d'intimidation, on peut en venir à se demander s'il s'agit d'un phénomène inné chez l'humain. D'ailleurs, on prétend souvent que les jeunes enfants sont incapables de se mettre à la place de quelqu'un d'autre. Pourtant, il semblerait que même avant de savoir parler, un nourrisson pourrait faire preuve de sympathie. C'est en effet ce qu'indiqueraient les résultats d'une nouvelle étude réalisée au Japon et publiée dans la revue scientifique PLOS One.

Pour arriver à cette conclusion, des chercheurs ont présenté à des bébés de 10 mois un film d'animation représentant deux formes géométriques où l'une d'elle attaquait systématiquement l'autre. Par la suite, on a demandé aux enfants de choisir entre deux jouets représentant les deux formes géométriques du film, c'est-à-dire une sphère bleue ou un cube jaune. Seize enfants sur 20 ont alors choisi la "victime" plutôt que "l'agresseur".

Cependant, les chercheurs ont voulu savoir si les enfants avaient une réelle sympathie pour la victime ou s'ils cherchaient en vérité à éviter l'agresseur. Pour trancher la question, ils ont donc procédé à la même expérience mais en ajoutant cette fois une forme "neutre" qui n'interagissait pas avec les deux autres formes. Ils ont ensuite demandé aux enfants de choisir entre la forme neutre et la forme victime ou entre la forme neutre et la forme agresseure. Dans le premier cas, 10 enfants sur 12 choisissaient la victime alors que dans le deuxième cas, 10 enfants sur 12 choisissaient la forme neutre.

D'après les chercheurs, cela signifie que les enfants développent effectivement une préférence pour la victime. Même à 10 mois, un nourrisson peut comprendre qui attaque et qui est attaqué et donc reconnaître la détresse potentielle d'un individu. Ce comportement serait possible grâce au fait que, dès 6 mois, les bébés reconnaissent  les liens de cause à effet.

Par ailleurs, on savait déjà que les nourrissons comprennent très tôt que le fait de frapper autrui est un mauvais comportement. Les nouveau-nés peuvent même être affectés par la contagion émotionnelle. Par exemple, ils peuvent pleurer lorsque d'autres personnes pleurent. Cependant, dans l'étude dont il est question aujourd'hui, il ne s'agit pas du même phénomène puisque les formes géométriques du film n'exprimaient pas d'émotions.

Par conséquent, les auteurs de l'étude estiment que ce qu'ils ont observé chez ces enfants de 10 mois est bel et bien une forme rudimentaire de sympathie. Ce comportement se développera toutefois vraiment vers l'âge de 2 ans et à partir de 3 ans, les enfants commencent à intervenir pour protéger une victime d'un agresseur potentiel.

Ces résultats sont très intéressants puisqu'ils démontrent que très tôt dans son développement, l'être humain fait déjà preuve de comportements sociaux essentiels. En effet, la sympathie est l'un des comportements les plus importants à la coexistence humaine. Cette prédisposition à aider les individus est peut-être la raison expliquant l'apparition de groupes organisés d'humains et ultimement de la civilisation. On peut donc supposer que l'intimidation n'est pas un comportement inné mais peut-être bien un effet négatif de notre façon d'élever les enfants.

Pour en savoir plus sur le développement social de l'enfant:
Le lien parent-enfant et les relations amoureuses à l'âge adulte
Le sommeil et l'attachement chez les prématurés
Référence:
Kanakogi Y, Okumura Y, Inoue Y, Kitazaki M, Itakura S (2013) Rudimentary Sympathy in Preverbal Infants: Preference for Others in Distress. PLoS ONE 8(6): e65292. doi:10.1371/journal.pone.0065292