27 août 2012

Question de la semaine: Comment les hormones et les médicaments passent-ils dans le lait?

Cette semaine, je réponds à la question de Hiba Wazzaz: Les hormones de la mère ou les médicaments que cette dernière consomme, quand passent-ils dans le lait?

Plusieurs hormones peuvent se retrouver dans le lait maternel. Certaines proviennent du sang de la mère alors que d'autres sont produites par les cellules de la glande mammaire. Par exemple, la plupart des hormones de croissance sont produites par les cellules épithéliales ou stromales et par les macrophages du sein. Elles peuvent donc être sécrétées directement dans le lait lors de sa production.

Pour les autres hormones ou les médicaments consommés par la mère, ces substance doit traverser la barrière entre le sang et le lait maternel. La façon de traverser dépendra de la nature de la substance.

Par exemple, certaines substances peuvent traverser librement à travers les membranes. Ces substances vont alors suivre leur gradient de concentration. C'est-à-dire qu'elles vont aller du côté le plus concentré vers le côté le moins concentré jusqu'à ce qu'il y ait un équilibre entre le sang et le lait maternel. Cela signifie donc que, pour ces substances, plus le niveau augmente dans le sang, plus le transfert dans le lait maternel est rapide. Ensuite, quand la substance est éliminée du corps de la mère, le sens du transfert va s'inverser et celle-ci retournera dans le sang, maintenant moins concentré, pour être éliminée à son tour. L'exemple typique est l'alcool. En effet, le pourcentage d'alcool se trouvant dans le lait maternel est toujours identique au pourcentage d'alcool dans le sang de la mère.

C'est aussi le cas des hormones dont la structure est simple comme la thyroxine produite par la glande thyroïde, qui peut diffuser simplement dans le lait maternel. On suppose que la même chose se produit pour les hormones produites par l'hypothalamus. En effet, l'ocytocine, une petite molécule, peut facilement se faufiler du sang jusqu'au lait maternel.

On le voit, l'efficacité de ce transfert peut être affectée par la nature de la substance. Ainsi, les substances acides ont de la difficulté à traverser la membrane. On observe aussi le même phénomène pour les très grosses molécules comme l'insuline ou les interférons qui ne traversent pas dans le lait maternel. De la même façon, les hormones synthétisées par l'hypophyse étant plus grosses, on ne les retrouve pas dans le lait maternel, à l'exception de la prolactine.

Les substances solubles dans les gras peuvent également traverser facilement les membranes puisque celles-ci sont elles-mêmes composées de lipides. Par exemple, les amphétamines étant de petites molécules hautement solubles dans les gras, elles ont tendances à s'accumuler dans le lait.

Enfin, il existe aussi quelques rares médicaments qui sont transférés activement. Dans ce cas, une protéine va agir comme une pompe pour transporter la substance dans le lait maternel. Bien qu'on ne sache pas encore exactement comment la prolactine passe dans le lait, on croit qu'il pourrait s'agir d'un mécanisme semblable. En effet, des protéines se retrouvant sur les cellules alvéolaires et pouvant se lier à la prolactine ont déjà été identifiées.

En conclusion, à l'exception de certaines hormones produites par la glande mammaire et sécrétées directement dans le lait lors de sa production, la plupart des autres substances passent dans le lait maternel au fur et à mesure que leur concentration augmente dans le sang de la mère. Par conséquent, on doit en tenir compte au moment de la tétée si on veut diminuer l'exposition du bébé à certaines substances problématiques.

Tous les lundis, je réponds à une question des lecteurs sur la périnatalité. Il y a quelque chose que vous auriez toujours aimé savoir concernant la grossesse, l'accouchement, l'allaitement ou le maternage? Écrivez-moi à info@mamaneprouvette.com et je tenterai de trouver la réponse.

Références:
Riordan, J., & Wambach, K. (2010). Breastfeeding and Human Lactation (4th ed.). Sudbury: Jones and Bartlett.

Takeda S, Kuwabara Y, Mizuno M. (1986) Concentrations and origin of oxytocin in breast milk.Endocrinol Jpn, 33(6):821-6.

Lawrence, R. A., & Lawrence, R.M. (2005). Breastfeeding: A Guide for the Medical Profession (6th ed.). Philadelphie : Elsevier Mosby.