24 octobre 2012

L'allaitement et les étudiants universitaires

Plusieurs études l'ont démontré, de bonnes connaissances de même qu'une attitude positive au sujet de l'allaitement augmentent l'intention d'allaiter chez les futures mères. Par conséquent, pour améliorer notre approche de promotion de l'allaitement, il est essentiel de bien comprendre la perception qu'ont les jeunes adultes et futurs parents à propos de l'allaitement.

C'est sur cette question que ce sont penchés des chercheurs américains dans une édition récente du Journal of Human Lactation. Ces derniers ont soumis un questionnaire aux étudiants d'un cours de nutrition d'une université du Sud-est des États-Unis. Celui-ci permettait d'évaluer les connaissances à propos de l'allaitement et l'attitude des étudiants. Il déterminait aussi si les étudiants avaient été allaité ou en contact avec des mères allaitantes.

L'étude a révélé que, dans l'ensemble, les étudiants avaient une bonne connaissance de l'allaitement. Par exemple, 90 % était d'accord avec l'énoncé "l'allaitement devrait être initié dès que possible après la naissance". De la même façon, la plupart n'était pas d'accord avec les énoncés "les préparations commerciales pour nourrisson et le lait maternel sont la même chose" et "une femme avec de petits seins ne peut pas allaiter". Par contre, peu de participants savaient que l'allaitement protégeait du cancer du sein et des ovaires ou que les bébés nourris aux PCN étaient plus souvent malades. Enfin, mentionnons que les étudiantes avaient légèrement plus de bonnes réponses que leurs collègues masculins.

Pour ce qui est de l'attitude des participants par rapport à l'allaitement, elle était plutôt neutre dans l'ensemble. En effet, bien que l'allaitement était perçu comme meilleur pour la santé, plus économique et favorisant le lien mère-enfant, il était aussi vu comme douloureux, peu pratique, restreignant et difficile pour une mère qui travaille. Cette vision était plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Étrangement, les femmes étaient aussi plus nombreuses à considérer l'allaitement en public comme embarrassant et inacceptable. Notons toutefois que plus la connaissance de l'allaitement était bonne, plus l'attitude était positive.

Enfin, le fait d'avoir été allaité ou d'avoir été exposé à l'allaitement (connaître une mère ayant allaité ou avoir vu une femme allaiter) avait un impact positif sur les connaissances et l'attitude à propos de l'allaitement.

Cette étude semble montrer que les jeunes adultes ont une bonne connaissance de l'allaitement mais que leur attitude face à l'allaitement demeure plutôt tiède. Cela pourrait signifier que les campagnes de promotion ont réussi à informer les gens mais pas à changer la culture du biberon qui est bien ancrée dans nos sociétés depuis plusieurs décennies. Il faut toutefois être prudent dans l'application de ces résultats aux jeunes Québécois. En effet, les normes sociales du Sud-est des États-Unis sont bien entendu différentes d'ici et peuvent avoir des impacts particuliers sur la perception des jeunes universitaires.

Étant donné que les recommandations d'allaitement sont toujours loin d'être atteintes, des études comme celle-ci peuvent être très utiles pour mieux comprendre les raisons de ce décalage entre les objectifs de santé publique et la réalité des nouvelles mères et pour fournir de nouvelles voies d'intervention pour en augmenter l'efficacité.

Référence:
Katherine F. Kavanagh, Zixin Lou, Jennifer C. Nicklas, Mona F. Habibi, and Lee T. (2012) Murphy.Breastfeeding Knowledge, Attitudes, Prior Exposure, and Intent among Undergraduate Students. J Hum Lact November, 28: 556-564, first published on June 6, 2012.