24 février 2012

Certains polluants associés à l'obésité

On ne cesse malheureusement de découvrir de nouvelles substances toxiques se dissimulant dans notre environnement et de plus en plus d'études nous révèlent leurs effets de sur la santé publique. Ainsi, selon une étude réalisée au Danemark, l'exposition pendant la grossesse à certains polluants pourrait favoriser l'obésité chez les filles.

En particulier, les chercheurs danois ont étudié l'effet du perfluorooctanoate (APFO), un produit chimique qu'on retrouve entre autres dans les tapis antitache, les nettoyants à tapis, les sacs de maïs soufflé pour le micro-onde et certains ustensiles de cuisine.

Les chercheurs ont donc recruté 665 femmes enceintes entre 1988 et 1989. À cette époque, ils ont mesuré le taux d'AFPO sanguin à 30 semaines de grossesse. Les chercheurs ont ensuite déterminé l'indice de masse corporelle (IMC) et le tour de taille chez les enfants nés de ces grossesses, 20 ans plus tard.

L'étude a permis de démontrer que l'exposition au APFO pendant la grossesse augmentait les risques d'être obèse chez les filles, mais pas chez les garçons. En effet, les filles exposées in utero avaient environ 3 fois plus de risques d'avoir un IMC plus grand que 25 et un tour de taille plus important.

Par ailleurs, les filles exposées au APFO avaient également de plus hautes concentrations sanguines d'hormones telles que l'insuline et la leptine. Ces hormones sont considérées comme de bons marqueurs de la présence de tissus graisseux.

Un polluant très présent dans l'environnement
L'utilisation et la production d'APFO a rendu ce polluant très présent dans l'environnement. Par ailleurs, l'APFO semble avoir une durée de vie très étendue ce qui rend sa présence tenace. On sait également que l'APFO s'accumule dans le corps en s'attachant à une protéine du sang, l'albumine, ce qui lui permet ensuite de traverser facilement le placenta.

Selon les chercheurs, plusieurs hypothèses permettraient d'expliquer l'effet du APFO. Tout d'abord, le polluant pourrait nuire au développement des ovaires et ainsi empêcher une production adéquate d'estrogène. En effet, d'après des études faites chez les animaux, l'APFO pourrait agir comme un perturbateur endocrinien, c'est-à-dire qu'il dérange le fonctionnement d'hormones comme l'estrogène. En outre, ce polluant pourrait aussi interférer avec le métabolisme des lipides et causer des dysfonctions de la thyroïde.

Des études comme celle-ci fournissent des preuves de plus de l'impact négatif des polluants industriels sur la santé publique. Il devient de plus en plus pressant de revoir notre attitude face à la production industrielle et de faire pression sur nos gouvernements pour qu'ils rendent la réglementation plus contraignante pour l'industrie. Il s'agit d'une question de santé publique.

Référence: Halldorsson TI, Rytter D, Haug LS, Bech BH, Danielsen I, et al. 2012 Prenatal Exposure to Perfluorooctanoate and Risk of Overweight at 20 Years of Age: A Prospective Cohort Study. Environ Health Perspect doi:10.1289/ehp.1104034