2 janvier 2012

Prudence avec les anti-acides chez les prématurés

Devrait-on utiliser des anti-acides chez les bébés prématurés? C'est à cette question qu'ont tenté de répondre une équipe de médecins Italiens.

En effet, ceux-ci ont évalué l'effet de la prise de Ranitidine (Zantac) chez des bébés prématurés. Ces bébés étaient traités avec cet anti-acide pour prévenir les ulcères ou pour des soupçons de reflux gastro-oesophagien. Les chercheurs ont ainsi constaté que les bébés traités avec la ranitidine contractaient plus d'infections que les bébés non-traités. La majorité des infections se produisait environ 17 jours après le début du traitement. Les cas d'entérocolité nécrosante (une infection souvent mortelle des intestins) étaient aussi plus fréquents chez les bébés recevant de la ranitidine et le taux de mortalité six fois plus élevé.

Ces résultats confirment ce que de plus en plus d'experts craignaient. En effet, l'acidité gastrique joue un rôle important dans la prévention des infections en éliminant les microbes ingérés lors de l'alimentation. Le suc gastrique est composé d'acide chlorydrique (HCl) et de pepsine, ce qui permet normalement de tuer les bactéries en 15 minutes si le pH de l'estomac est inférieur à 3. L'utilisation d'anti-acides, en augmentant le pH de l'estomac, entraînerait donc une élimination insuffisante des pathogènes. De plus, les changements de pH du tube digestif auraient aussi un impact sur la flore intestinale. Il est connu qu'un débalancement de celle-ci favorise la croissance des bactéries pathogènes.

Malgré tout, les prescriptions d'anti-acides sont en hausse dans les unités de soins intensifs néo-natales. Ces médicaments sont en effet utilisés dans le traitement des ulcères d'estomac et du reflux gastro-oesophagien. Toutefois, leur efficacité est controversée chez les bébés prématurés. De plus, bien souvent, le diagnostic de problèmes d'acidité chez le nouveau-né est basé sur des symptômes non-spécifiques.

Les chercheurs concluent donc que la ranitidine ne devrait être administrée aux prématurés qu'avec grande prudence en raison des risques importants d'infections et de mortalité.

L'article complet dans la revue Pediatrics: Ranitidine is Associated With Infections, NecrotizingEnterocolitis, and Fatal Outcome in Newborns