21 octobre 2013

Question de la semaine : Qu'est-ce qui peut arrêter un accouchement?

Aujourd'hui, je réponds à la question de Claire Peron: « Ma question concerne l'accouchement. Je voudrais savoir pourquoi advient une “dystocie de démarrage” ou dystocie mécanique »

Le grand jour est enfin arrivé : votre tout-petit s'apprête à sortir. Le travail s'enclenche. Pourtant, après plusieurs heures de dur labeur, le bébé n'a toujours pas pointé son joli nez et ne semble soudainement plus pressé de venir au monde. Le verdict tombe alors: « dystocie pendant le travail ».

Dys... quoi? En fait, le terme dystocie signifie tout simplement un accouchement difficile, qui ne progresse pas. 
Règle générale, pour un premier enfant, on considère que le travail actif se déroule anormalement si le col se dilate à une vitesse plus petite que 1 cm à l'heure. On dira qu'il est complètement arrêté lorsque plus de 2 heures s'écoulent sans aucun changement. Lors de la poussée, le travail est long s'il dure plus de 2 à 3 heures et il est arrêté si le bébé ne descend pas du tout après une heure de poussée.

Pourtant, lorsque l'accouchement s'amorce, plus rien ne devrait l'interrompre. Que peut-il donc arriver pour que le tourbillon des contractions en vienne à s'essouffler?

Tout d'abord, tout ce qui peut altérer le bon fonctionnement des muscles de l'utérus peut aussi créer un problème. On croit même que certaines femmes ont une prédisposition génétique qui empêche la production de contractions efficaces. Une mauvaise stimulation de l'utérus peut être en cause, tout comme la présence de substances bloquant les contractions. Dans certains cas, un déséquilibre hormonal est responsable de la situation et dans d'autres, c'est un manque d'énergie ou de calcium. Dans ces conditions, les contractions ne sont tout simplement pas assez efficaces et qui dit contractions inefficaces, dit absence de dilatation du col.

Ensuite, un obstacle qui bloque la descente du bébé peut provoquer un arrêt du travail. Par exemple, chez certaines femmes, les os pelviens peuvent obstruer le chemin du nourrisson. Les mères de courtes statures connaîtraient plus souvent ce genre de problèmes. En effet, plus une femme est petite, plus les risques sont élevés que la tête de son enfant soit disproportionnée par rapport à son bassin.

Enfin, le travail peut s'interrompre lorsque l'enfant est trop gros ou s'il ne se positionne pas bien. Par exemple, la descente se déroulera difficilement si le derrière de la tête du bébé est adossé au dos de la mère (ce qu'on appelle dans le jargon une position postérieure). C'est aussi le cas d'un bébé positionné haut dans l'utérus au moment de la poussée.

Cependant, futures mamans, réjouissez-vous! Il existe quelques précautions qui peuvent diminuer les risques d'avoir un accouchement qui s'interrompt subitement. Ainsi, pouvoir compter sur la présence d'une accompagnante serait bénéfique. Les femmes qui attendent la phase active du travail pour se rendre à l'hôpital et qui évitent les inductions avant 41 semaines ont aussi moins de risque de vivre ce genre de situation. Enfin, on recommande d'utiliser l'épidurale judicieusement plutôt que de façon routinière.

Selon les experts, l'arrêt du travail serait responsable de 50 % des cas de césariennes.

Tous les lundis, je réponds à une question des lecteurs sur la périnatalité. Il y a quelque chose que vous auriez toujours aimé savoir concernant la grossesse, l'accouchement, l'allaitement ou le développement de l'enfant? Écrivez-moi à info@mamaneprouvette.com et je tenterai de trouver la réponse. (N'étant pas médecin, il ne m'est pas possible de répondre à des questions médicales sur l'état de santé d'une mère ou d'un bébé. Si vous éprouvez des inquiétudes à ce sujet, contactez plutôt un professionnel de la santé.)

Références:
ACOG (2003) Dystocia and Augmentation of Labor. ACOG practice bulletin, number 49.

Blackburn, S. T. (2012) Maternal, Fetal, & Neonatal Physiology: A Clinical Perspective. Maryland: Elsevier.

Shields SG, Ratcliffe SD, Fontaine P, Leeman L. (2007) Dystocia in nulliparous women. Am Fam Physician. 75(11):1671-8.

Konje JC, Ladipo OA. (2000) Nutrition and obstructed labor. Am J Clin Nutr. 72(1 Suppl):291S-297S.