1 février 2013

La césarienne et le risque d'avoir un bébé mort-né

Dans les pays industrialisés, on estime qu’une grossesse sur 200 se termine par la venue au monde d’un enfant mort-né, aussi appelée mortinaissance. Plusieurs facteurs sont connus pour augmenter les risques d’un tel évènement : une première grossesse, l’âge avancé de la mère, un indice de masse corporel maternel élevé de même que la présence d’une condition comme la pré-éclampsie, le diabète ou l’hypertension. Une équipe de chercheurs irlandais et danois a toutefois confirmé le rôle d’un facteur qu’on suspectait depuis quelques temps déjà : une césarienne lors d’une grossesse antérieure.

Cette confirmation est venue de l’analyse de 11 études se penchant sur le lien entre la césarienne et l’accouchement d’un enfant mort-né lors de la grossesse suivante. Au total, c’est donc 1 961 829 grossesses qui ont été étudiées et, parmi celles-ci, 7 308 mortinaissances.

L’analyse de ces données a donc permis de démontrer que, suite à une césarienne, une femme connaîtra une augmentation de 23 % de son risque d’avoir un enfant mort-né à la prochaine grossesse. Au niveau de la population, cela signifie donc que le nombre de mortinaissances diminuerait de 3,6% si les femmes n’étaient pas exposées à la césarienne. 

Bien entendu, ce scénario est théorique puisque dans certains cas, la césarienne peut être la seule option pour assurer la survie de la mère et du bébé. Il faut en effet mentionné que la césarienne a de nombreux bénéfices et que, dans ces cas d’urgence, ses avantages dépassent largement les risques dont il est question aujourd’hui. De plus, il n’est pas impossible que les raisons mêmes qui justifient la césarienne soient aussi celles responsables de la hausse du risque de mortinaissance chez certaines femmes.

Selon les chercheurs, l’explication possible de ce phénomène résiderait au niveau du placenta. En effet, on croit qu’à la suite d’une césarienne, les risques de développer une anomalie placentaire seraient plus élevés. Il est par ailleurs connu qu’une insuffisance placentaire est une cause importante de mortinaissance.

Étant donné, l’augmentation du nombre de césariennes dans les dernières années, ces résultats pourraient avoir une importance particulière. En effet, dans ce contexte, même une légère augmentation du risque de mortinaissance pourrait avoir un impact non-négligeable au niveau de la population.

En fait, l’étude dont il est question aujourd’hui démontre, comme bien d’autres avant elle, que la césarienne n’est pas une chirurgie banale et sans risque. Cela devrait bien sûr entrer en ligne de compte lorsque l’équipe médicale doit déterminer la nécessité de cette chirurgie. Cependant, ces considérations devraient aussi faire partie de la discussion qu’un médecin doit avoir avec une patiente qui demande à accoucher par césarienne sans raison médicale. Une connaissance de tous les risques possibles permettra à celle-ci de faire un choix éclairé.

Référence:
Sinéad M. O’Neill, Patricia M. Kearney, Louise C. Kenny, Ali S. Khashan, Tine B. Henriksen, Jennifer E. Lutomski, Richard A. Greene (2013) Caesarean Delivery and Subsequent Stillbirth or Miscarriage: Systematic Review and Meta-Analysis. Research Article | published 23 Jan 2013 | PLOS ONE 10.1371/journal.pone.0054588