9 octobre 2012

Question de la semaine: Quelles sont les complications possibles des forceps et des ventouses?

Cette semaine, je réponds à une question de Mélanie Piché qui veut savoir les complications possibles pour le bébé lors de l'utilisation des forceps ou de la ventouse dans le cadre d'un accouchement vaginal.

On estime qu'aux États-Unis, un accouchement vaginal sur vingt se termine par l'utilisation des forceps ou de la ventouse. Au départ, l'utilisation de ces instruments était préconisée si la vie de la mère était en danger, dans le cas d'un accouchement qui ne progressait pas. Dans ces cas, la vie de la mère avait préséance sur l'intégrité du foetus. Toutefois, avec le perfectionnement de ces techniques, la sécurité du bébé est devenue un critère important dans leur utilisation.

À cause des risques qui y sont associées, l'utilisation de la ventouse ou des forceps ne devrait toutefois se faire que dans des cas bien précis comme une durée prolongée du deuxième stade du travail, des données non-rassurantes sur l'état du foetus, pour raccourcir le deuxième stade du travail dans les cas où la poussée est contre-indiquée et en cas d'épuisement maternel (quoiqu'il s'agit d'un critère vague et mal défini).

Bien que la ventouse soit maintenant plus utilisée que les forceps, dans certains cas, on préfèrera utiliser ceux-ci. Par exemple, ils peuvent être utilisés pour tourner le bébé s'il est mal positionné comme dans certains cas de siège ou si le cordon descend avant le foetus dans le canal vaginal. Par ailleurs, on pourra les utiliser dans les cas où la ventouse ne devrait jamais l'être comme dans certaines conditions particulières chez le feotus (par exemple, l'hémophilie), une mauvaise présentation du bébé (un siège par exemple) ou si le bébé a moins de 34 semaines. Toutefois, autant la ventouse que les forceps ne sont pas recommandés lorsque la dilatation du col est incomplète, si les membranes sont intactes ou si le bébé n'est pas engagé dans le canal vaginal.

Les risques et séquelles possibles
Une étude a démontré que les blessures chez le foetus de même que l'augmentation de l'acidité du sang (signe d'un problème métabolique, rénale ou respiratoire) étaient plus courants lors de l'utilisation des forceps ou de la ventouse que lors d'une césarienne.  Par ailleurs, lorsqu'un bébé nait par césarienne d'urgence suite à l'utilisation de ces instruments, les risques de problèmes au cerveau du bébé (associé entre autres à la paralysie cérébrale) sont plus élevés. Il n'est toutefois pas clair si cela est causé par l'utilisation des forceps ou de la ventouse ou à cause du mode d'accouchement.

On sait aussi que les forceps sont plus risqués pour la mère et qu'ils causent davantage de blessures au visage du nouveau-né. Toutefois, la ventouse est responsable de beaucoup plus de blessures comme des blessures au cuir chevelu, des céphalhématomes (accumulation de sang entre le crâne et la membrane qui l'enveloppe) et des saignements de la rétine de l'oeil. De plus, l'utilisation de la ventouse peut causer des saignements à l'intérieur du crâne, la paralysie des nerfs faciaux et la jaunisse. Le risque de vivre une de ces complications est d'environ 5 % et la plupart sont détectées dans les 10 heures suivant la naissance.

Il existe peu d'information sur les séquelles à long terme de l'utilisation des forceps mais on sait que celles associées à l'utilisation de la ventouse (comme les saignements à l'intérieur du crâne et les blessures neuromusculaires) sont très rares. Des études ont d'ailleurs démontré que les enfants nés grâce à l'utilisation de la ventouse n'avaient pas de problèmes de vision, d'audition, de développement cognitif, de motricité fine et de maturité comportementale.

En conclusion, la ventouse et les forceps sont des instruments qui peuvent être utiles dans certaines situations bien précises où l'accouchement vaginal sans intervention n'est pas possible. Bien qu'ils comportent des risques, il existe toutefois peu de cas de séquelles à long terme. Enfin, il faut aussi se rappeler que l'alternative souvent utilisée par les obstétriciens, soit la césarienne, comporte également des risques. C'est donc le rôle de l'équipe médicale de bien évaluer l'intervention la plus sécuritaire pour la mère et le bébé.

Tous les lundis, je réponds à une question des lecteurs sur la périnatalité. Il y a quelque chose que vous auriez toujours aimé savoir concernant la grossesse, l'accouchement, l'allaitement ou le maternage? Écrivez-moi à info@mamaneprouvette.com et je tenterai de trouver la réponse.


Références:
Cochrane Briefs (2011) Instruments for Assisted Vaginal Delivery. Am Fam Physician. 1;84(1):26-27.

Roshni R Patel and Deirdre J Murphy. (2004) Forceps delivery in modern obstetric practice. BMJ. 328(7451): 1302–1305.

Unzila A Ali and Errol R Norwitz. (2009) Vacuum-Assisted Vaginal Delivery. Rev Obstet Gynecol. 2(1): 5–17.